Les autorités de Kano au nord du Nigeria ont célébré un mariage collectif à 1800 couples. Prévues depuis des mois, ces cérémonies de mariage sont organisées à travers l’Etat et intégralement financées par le gouvernement local pour aider les plus pauvres à s’unir, dans un pays durement frappé par la crise économique.
Dans cet État du nord musulman et conservateur où les normes culturelles sont fortes, la famille de la mariée doit habituellement acheter le mobilier et les ustensiles de cuisine.
Le marié doit de son côté payer la dot (vieille tradition qui scelle l’union entre deux familles), fournir le logement et le trousseau comprenant des vêtements, des produits de beauté, des bijoux, des chaussures et des sacs à main. « Mais la situation économique désastreuse du pays fait qu’il est difficile pour les mariés de fournir les meubles et le trousseau nécessaires au mariage », déplore Abba Sufi, le directeur général de la police de la charia de Kano, présent à la cérémonie.
Pour ces 1.800 couples, c’est le gouvernement de Kano qui a ainsi payé la dot de 50 000 nairas (62 euros) et offert des meubles et des denrées alimentaires, à savoir un sac de riz, un carton de pâtes et un bidon d’huile de cuisine. Les autorités locales ont également remis une subvention de 20.000 nairas (25 euros) à chaque épouse comme capital de départ pour lancer une petite affaire, après leur avoir permis de participer, à une journée de formation professionnelle. L’objectif est de « rendre plus autonomes les jeunes mariées parce que la vie est devenue si chère », explique à l’AFP Na’isa Ahmad, l’un des formateurs.
A Kano, le mariage collectif est souvent apprécié chez les femmes, car il leur accorde une certaine protection, en interdisant les divorces sans l’accord des épouses, sous peine d’emprisonnement. Il permet notamment d’aider les femmes veuves ou divorcées avec enfants, souvent démunies, à se remarier.
Lors de la cérémonie, les 1.800 couples ont ainsi dû signer un engagement qui consiste à ne pas divorcer sans le consentement de la police islamique, à laquelle ils devront soumettre leurs « différends », a indiqué M. Sufi.
Selon ce dernier, l’organisation de ce mariage collectif a coûté environ 900 millions de nairas (1,10 million d’euros) à l’Etat de Kano.
Mustafa YOUSSEF