RDC : L’Union africaine face au défi congolais, un test crucial pour la crédibilité et l’action continentale.

La 38ᵉ Assemblée ordinaire de l’Union africaine (UA) s’est ouverte samedi dernier à Addis-Abeba, dans un contexte marqué par des défis sécuritaires, économiques et institutionnels majeurs. Alors que l’efficacité de l’UA est de plus en plus critiquée face aux crises récurrentes au Sahel, dans la région des Grands Lacs et dans la Corne de l’Afrique, l’organisation a désigné de nouveaux dirigeants, dont le diplomate djiboutien Mahamoud Ali Youssouf à la tête de la Commission et l’Angolais João Lourenço à la présidence tournante. Leur mission : relancer l’intégration africaine, consolider la paix et promouvoir le développement économique.

Cependant, des doutes persistent quant à la capacité de l’UA à surmonter ses propres limites, notamment son manque de réactivité et le refus de certains États membres de respecter ses décisions. Le premier test de crédibilité pour Mahamoud Ali Youssouf sera la République démocratique du Congo (RDC), où la situation sécuritaire se dégrade rapidement. Les groupes armés étendent leur influence dans l’Est du pays, tandis que l’armée congolaise, minée par la corruption, peine à protéger les populations. L’UA ne peut plus se contenter de compter sur les Casques bleus ou l’aide internationale. Elle doit assumer pleinement son rôle de garante de la stabilité continentale.

Pour y parvenir, l’UA pourrait renforcer la Force africaine en attente et la déployer dans le Kivu, en soutien aux soldats de l’ONU déjà sur le terrain. Parallèlement, elle doit relancer la médiation entre la RDC et ses voisins, accusés de soutenir les groupes rebelles. Une approche pragmatique, incluant des négociations inclusives et une certification des minerais pour garantir une exploitation équitable, pourrait apaiser les tensions et éviter une déflagration régionale.

En outre, des réformes institutionnelles visant une gouvernance plus transparente et une meilleure intégration des communautés marginalisées sont essentielles. En agissant rapidement, l’UA pourrait redonner espoir aux Congolais, notamment aux millions de déplacés et aux civils pris au piège des violences. Une aide humanitaire massive et un accès facilité pour les organisations humanitaires dans le Kivu et l’Ituri sont urgents.

L’Union européenne, après des mois d’hésitation, a enfin décidé de sanctionner le Rwanda, accusé d’alimenter les conflits en RDC. Ce soutien pourrait renforcer l’action de l’UA. Si les nouveaux dirigeants de l’organisation font preuve de volontarisme, ils pourraient non seulement sauver la RDC, mais aussi redonner à l’UA la crédibilité et l’autorité dont elle a tant besoin. Le temps presse, et l’Afrique ne peut plus se permettre l’inaction.

Amen K.

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