Depuis le 9 avril 2025, le Burkina Faso dispose d’un importateur unique d’engrais : la Société burkinabè d’intrants et de matériels agropastoraux (Sobimap). Cette décision, actée en conseil des ministres, confère à cette entreprise publique le monopole de l’importation et de la distribution des engrais à l’échelle nationale.
À l’image de la Sonabhy pour les hydrocarbures, le gouvernement veut ainsi stabiliser un secteur crucial pour la sécurité alimentaire. Objectif affiché : mettre fin à la spéculation qui faisait flamber les prix, au détriment des petits producteurs.
En 2024, le prix du sac d’engrais avait grimpé de plus de 70 % en pleine saison des semis, étranglant de nombreux exploitants. Grâce à la Sobimap, plusieurs garanties sont désormais annoncées : un prix unique sur tout le territoire, une disponibilité continue, y compris en période de soudure, une réduction moyenne de 25 % grâce aux achats groupés. Par ailleurs, 32 centres de distribution sont en cours de construction et un système de subvention directe aux coopératives est prévu.
Certaines voix, comme celle de Jeune Afrique, dénoncent une mesure « étouffant les importateurs locaux ». Mais pour le ministre de l’Agriculture, cette réforme vise surtout à assainir un marché trop longtemps livré à lui-même. Seuls 3 % des anciens importateurs respectaient réellement les normes de qualité. La Sobimap travaillera avec les acteurs sérieux comme sous-traitants. En encadrant ce secteur stratégique, le Burkina parie sur la régulation pour redonner du souffle à son agriculture. Malgré les critiques, la priorité semble claire : la sécurité des paysans avant tout.
Amen K.
