L’annonce de la rupture de la coopération militaire entre le Tchad et la France marque un nouveau tournant dans les relations entre Paris et ses partenaires africains. Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, cette décision tchadienne n’est pas une surprise, tant les signes précurseurs se sont multipliés ces derniers mois.
Depuis un certain temps, les relations entre N’Djamena et Paris étaient marquées par des tensions croissantes. La montée des sentiments anti-français dans les capitales sahéliennes a trouvé un écho au Tchad, où des critiques sur le rôle de la France dans les affaires internes du pays se faisaient entendre. La perception d’une ingérence française et le soutien supposé à certaines élites politiques ont exacerbé les frustrations.
En outre, le Tchad, à l’instar de ses voisins sahéliens, a renforcé ses liens avec de nouveaux partenaires comme la Russie, symbolisant une volonté de diversifier ses alliances stratégiques. Des manœuvres militaires conjointes avec des pays non occidentaux et des critiques publiques sur l’efficacité de l’intervention militaire française contre le terrorisme ont renforcé l’idée d’une transition inévitable.
La décision tchadienne, bien qu’inhérente aux dynamiques contemporaines, est aussi le reflet d’un lourd héritage colonial. La France, perçue comme ayant longtemps exploité les ressources africaines tout en imposant des régimes complaisants, paie aujourd’hui le prix de son histoire. Le sentiment d’une domination prolongée, même après les indépendances, alimente un ressentiment populaire que de nombreux gouvernements africains traduisent désormais en actions politiques.
La rupture tchadienne s’inscrit dans une tendance plus large : celle d’un rejet de la présence militaire française en Afrique. Paris est désormais face à une remise en question de sa stratégie sur le continent. Pour regagner la confiance, elle devra tirer des leçons de son passé et adapter son approche, en respectant davantage la souveraineté des nations africaines et en s’engageant sur des bases égalitaires.