Afrique : L’or, un enjeu de développement et de traçabilité face au commerce illicite.

L’Afrique, détenant un tiers de la production mondiale d’or, pourrait transformer cette richesse en moteur de développement. Cependant, chaque année, entre 321 et 474 tonnes d’or échappent aux circuits officiels, alimentant une économie parallèle évaluée entre 24 et 35 milliards USD. Selon un rapport du Conseil mondial de l’or, publié récemment, ces flux clandestins sont un problème majeur, particulièrement en Afrique, où une grande partie de l’or provient de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMAPE), qui emploie plus de 10 millions de personnes.

L’absence de réglementation adéquate permet aux réseaux criminels de prospérer, notamment dans des régions comme le Sahel ou l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), où l’or finance des groupes armés. Dans des pays comme la République Centrafricaine ou le Soudan, des acteurs tels que des sociétés de sécurité venant des pays occidentaux contrôlent directement les mines ou imposent des taxes illégales, générant des milliards de dollars chaque année.

Face à ces dérives, des initiatives ont été mises en place, notamment aux Émirats Arabes Unis, un carrefour majeur du marché aurifère mondial. Depuis 2023, Dubaï a introduit des normes strictes (les « UAE Good Delivery Standards ») qui imposent des audits et un contrôle rigoureux des chaînes d’approvisionnement en or. Ces règles visent à exclure l’or en provenance de zones de conflit ou de circuits criminels. En outre, la blockchain a été intégrée pour assurer une traçabilité parfaite du métal précieux, offrant une solution numérique et transparente pour chaque transaction.

Des efforts de coopération internationale ont aussi été renforcés, comme le partenariat entre les Émirats et Tracfin, le service français de renseignement financier, pour surveiller les flux suspects.

Dans des pays comme la Mauritanie, des mesures légales ont permis de mieux encadrer l’exploitation minière, réduisant ainsi l’impact des groupes armés sur la filière. Cependant, malgré ces progrès, le secteur reste confronté à de nombreux défis, notamment l’absence de régulations globales et la demande croissante pour un or éthique. Le futur du marché africain dépendra de l’amélioration de la transparence et de la responsabilité à tous les niveaux.

Amen K.

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