AES : Tentatives de la BIDC à préserver les relations financières avec les pays membres malgré les conflits politiques avec la CEDEAO.

Dans un contexte de tensions politiques au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) s’efforce de maintenir ses relations financières avec les trois pays sahéliens que sont le Mali, le Niger et le Burkina Faso, tous membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Alors que ces nations ont engagé des démarches pour quitter la CEDEAO, la BIDC semble, avec sa stratégie, chercher à préserver ses intérêts en continuant à collaborer avec ces États, qui aspirent désormais à une souveraineté économique accrue.

Lors de la 89e session ordinaire de son Conseil d’administration, tenue le 1er octobre 2024 à Lomé, Dr. George Agyekum Donkor, président de la BIDC, a réaffirmé la position de l’institution de ne pas laisser les bouleversements politiques affecter ses relations commerciales. Selon lui, les pays membres de l’AES, malgré leurs différends avec la CEDEAO, continuent de respecter leurs obligations financières envers la BIDC. Le Burkina Faso et le Niger, par exemple, sont à jour dans le remboursement de leurs prêts, une indication que les relations financières restent stables.

Cette position met en lumière la volonté de la BIDC de « séduire » les trois pays de l’AES, en leur offrant une certaine continuité dans les partenariats économiques, malgré leur chemin vers une souveraineté économique et leur éloignement de la CEDEAO. En d’autres termes, la Banque tente de rassurer ces États qu’ils peuvent continuer à bénéficier de ses services tout en poursuivant leur projet d’autonomie.

Toutefois, cette approche soulève des questions sur les véritables enjeux pour la BIDC. En tentant de préserver ses partenariats avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso, la Banque semble vouloir éviter une perte économique substantielle. Ces trois pays, bien que politiquement instables, représentent des partenaires financiers importants pour l’institution. Si ces États venaient à quitter complètement la CEDEAO et à rompre leurs liens financiers avec la BIDC, cela représenterait un manque à gagner significatif pour l’institution.

D’autant plus que ces pays, travaillant activement à renforcer leur souveraineté économique, pourraient progressivement se tourner vers des mécanismes financiers plus autonomes ou développer de nouvelles alliances économiques en dehors de la CEDEAO. Cette évolution poserait un défi majeur à la BIDC, qui se verrait privée de partenaires stratégiques importants au sein de la sous-région sahélienne.

Il est important de noter que la quête de souveraineté économique des pays de l’AES n’est pas seulement symbolique, mais pragmatique. Ces pays travaillent à se détacher des influences extérieures pour consolider leurs propres structures économiques et financières. Cela inclut la création de nouvelles institutions régionales pour renforcer leur autonomie. Si cette dynamique se poursuit, la BIDC pourrait être confrontée à une perte de clients influents, d’autant plus que ces nations aspirent à créer des mécanismes financiers indépendants.

Amen K.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back To Top