Le Président bissau-guinéen, Umaro Sissoko Embalo, consolide son pouvoir à travers un coup d’État institutionnel, repoussant en novembre 2025 l’organisation de l’élection présidentielle sous des prétextes fallacieux. En affirmant que son mandat a débuté le 27 février 2020, date de sa prestation de serment, et que la Cour constitutionnelle a validé sa victoire le 20 septembre 2020, Embalo justifie son maintien au pouvoir. Pourtant, cette position unilatérale ignore les tensions post-électorales qui ont marqué l’élection de décembre 2019, opposant la Commission nationale électorale (CNE) et la Cour institutionnelle, et révèle une volonté manifeste de contourner les règles démocratiques.
Face à cette dérive autoritaire, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) reste étrangement silencieuse. Alors qu’elle a rapidement condamné et sanctionné le Niger après le renversement du Président Bazoum en 2023, elle se montre laxiste, voire complice, face aux agissements d’Embalo. Hormis un communiqué laconique suite à l’expulsion de sa commission en Guinée-Bissau la semaine dernière, la CEDEAO n’a pris aucune mesure concrète pour dénoncer ce coup d’État institutionnel.
Cette duplicité de la CEDEAO soulève des questions sur sa crédibilité et son impartialité. Pourquoi sanctionner sévèrement le Niger tout en fermant les yeux sur les manœuvres antidémocratiques en Guinée-Bissau ? Cette incohérence alimente les critiques sur une organisation qui semble défendre des intérêts sélectifs plutôt que les principes démocratiques qu’elle prétend incarner.
Il est urgent que la CEDEAO revoie sa position et applique les mêmes standards à tous ses membres elle tient toujours à sa notoriété. En tolérant les agissements d’Embalo, elle risque de saper sa propre légitimité qui est déjà mis en mal et d’encourager d’autres dirigeants à manipuler les institutions pour se maintenir au pouvoir. La démocratie en Afrique de l’Ouest mérite mieux que ce silence complice et ces doubles standards.
Amen K.