L’élimination de la pauvreté, qui touche près de la moitié de la population mondiale, pourrait nécessiter plus de cent ans, estime la Banque mondiale dans son dernier rapport intitulé Rapport sur la pauvreté, la prospérité et la planète, publié ce mardi 15 octobre 2024. Le document souligne que le rythme actuel des efforts, combiné à la croissance démographique, ne permettra pas d’atteindre cet objectif pour les 44 % des habitants concernés.
Cette lenteur est attribuée à une série de défis, notamment « la faible croissance économique, la pandémie de Covid-19, le niveau élevé de la dette, les conflits, et les chocs climatiques », selon Axel van Trotsenburg, directeur général senior de la Banque mondiale. La pauvreté est estimée à un seuil de 6,85 dollars par jour et par personne. Pour y remédier, van Trotsenburg préconise un « manuel de développement fondamentalement nouveau. »
Le rapport recommande des stratégies adaptées aux réalités économiques de chaque pays. Les pays à faible revenu devraient privilégier les investissements dans la création d’emplois, tandis que les pays à revenu intermédiaire doivent adopter des politiques pour réduire la vulnérabilité aux chocs et diminuer l’empreinte carbone de leur croissance.
Concernant la pauvreté extrême, définie à 2,15 dollars par jour, qui touche près de 700 millions de personnes (soit 8,5 % de la population mondiale), la Banque mondiale admet que l’élimination de celle-ci, initialement fixée à 2030, est « hors d’atteinte », et nécessitera au moins trois décennies supplémentaires.
En outre, le rapport souligne une « stagnation » dans la réduction des inégalités depuis la crise du Covid, et met en lumière le ralentissement de la croissance des revenus inclusifs. La Banque mondiale estime que pour atteindre un niveau minimum de prospérité de 25 dollars par jour, les revenus mondiaux devront être multipliés par cinq. Actuellement, 1,7 milliard de personnes vivent dans des économies à fortes inégalités, freinant la croissance inclusive et la réduction de la pauvreté.
Enfin, les chocs climatiques, affectant principalement l’Afrique subsaharienne, représentent une menace majeure pour les populations les plus vulnérables, augmentant ainsi la perte de bien-être à l’échelle mondiale.